Récemment, un ami membre de Littér’Al a profité d’une rencontre pour me glisser, embarrassé, un mot à l’oreille. Il m’a dit :

« Je pense que je n’ai pas ma place au sein de Littér’Al.
— Mais pourquoi donc ? lui ai-je demandé.
— Parce que je n’ai pas besoin qu’on fasse ma promo, je n’ai pas de livre à vendre. »

Ce court échange m’a beaucoup marqué. Non seulement parce que cet écrivain, pour qui j’ai la plus haute estime, déclarait ne pas se sentir à sa place, mais aussi parce que j’ai réalisé à quel point nous ne discutons pas les uns avec les autres de la raison d’être de notre association. Et dans ma peau de président, j’ai vécu cela comme un échec.

« Littér’Al ne fait pas la promotion des auteurs. »

Je lui ai répondu ça tout de suite et il a été surpris, je crois. Mais c’est très vrai à mes yeux. Parce que non, vraiment, je ne pense pas que Littér’Al fasse la “promo” des auteurs.

A-t-on besoin d’une association, de nos jours, pour inonder les réseaux sociaux, aligner des livres sur une table de salon ou harceler les journalistes (qui n’en demandent pas tant) ? Non, bien sûr. Et donnè-je le plus clair de mon temps, des heures de boulot, pour “faire la promo” de mes petits camarades, par pure abnégation ? Non plus.

Mais alors, pourquoi ? Pourquoi Littér’Al a-t-elle soutenu et organisé des vidéos, des lectures publiques et des émissions de radio si ce n’est pas pour faire la promo des auteurs ?

Autour de nous, les lecteurs lisent massivement tous des auteurs à la mode. Des chanceux qui auront eu l’opportunité de figurer dans la liste défendue par les grosses machineries et les attachés de presse.

J’ai choisi de donner du temps à animer Littér’Al parce que nos actions, à la radio, en lecture publique, ou lors des kiosques au salon de Colmar chantent à l’oreille des lecteurs d’Alsace une autre petite chanson. Un petit air qui leur dit une chose toute simple : près de toi, lecteur, dans ta région, existent aussi des auteurs qui travaillent et qui méritent un instant de ton attention.

Et dire ça, dans la cacophonie de notre monde hyper connecté (et dans le monde plutôt snob de la "culture"), c’est tellement précieux, et tellement difficile, que ça mérite un vrai, un honnête engagement collectif. Ça travaille le terrain sur lequel nous jouons tous : ça laboure un sillon qui essaie de diriger collectivement le regard de certains lecteurs vers une réalité qui leur échappe.

Ainsi, chaque émission, chaque intervention autour d’une ou un d’entre nous participe à ouvrir les regards des lecteurs au bénéfice de tous – à condition bien sûr que nous soyons tous prêts à relayer, collectivement, la mise en avant de chaque membre de l’association.

À mes yeux, avec l’écriture collective et l’information des auteurs c’est la raison d’être profonde de Littér’Al.

Et vous ? Qu’en pensez-vous ?

Très littér’Alement à vous tous,

Pierre

PS : Avez-vous répondu au petit sondage en cours, ici ?. Et pour votre promo personnelle ou collective, n’oubliez pas la soirée "promouvoir son livre", proposée par Nicolas Kempf, ici ou le prochain kiosque de Littér’Al, ici.